L’arrivée d’un deuxième enfant
L'arrivée d'un deuxième enfant nécessite adaptation et préparation. Il est essentiel d'impliquer l'aîné dès la grossesse, de maintenir des repères stables, et de valoriser son nouveau rôle, tout en réorganisant la vie familiale pour accueillir le nouveau membre.
Comment se préparer à l’arrivée d’un deuxième enfant ?
La naissance d’un enfant est un événement majeur dans la vie d’une famille . C'est un véritable tsunami émotionnel où tout ce qui était est re questionné. La joie et la fierté s’entremêlent avec une certaine inquiétude face à cette immense responsabilité pour les parents . Cela nécessite des remaniements psychiques importants pour tous les membres de la famille. Il faut que chacun trouve une nouvelle place et qu’une nouvelle dynamique relationnelle émerge. Il faut tout réinventer , par rapport à ce qui était jusqu’à présent , parfois les parents se demandent s' ils pourront donner autant d’amour à un autre enfant.
L’enfant aîné n’échappe pas à ce travail psychique et cela va lui demander une certaine énergie pour lui aussi trouver une nouvelle place à un âge parfois où la gestion des émotions est encore bien difficile par manque de maturité de certaines zones de son cerveau. Il devient grand frère, grande sœur avec un nouveau statut cela change tout.
Il aura besoin d’être accompagné dans les émotions intenses qui vont le traverser.
Cet accompagnement commence dès la grossesse et se poursuit dans les premiers jours, premières semaines et premiers mois qui suivent la naissance.
L’arrivée d’un deuxième enfant demande aussi une nouvelle organisation dans les tâches du quotidien. Nous allons voir ensemble comment mettre en place cette nouvelle dynamique !
Préparer l’enfant aîné dès la grossesse
L’enfant perçoit très tôt et assez finement les changements , il a comme un 6ème sens , il est comme “ équipé d’un détecteur” , pourvu de petites antennes pour capter son environnement . Il entend les conversations , ressent parfois les inquiétudes parentales ou la fatigue de la maman . Le fait de lui parler avec des mots simples de cet événement, qui en réalité le concerne au premier plan lui aussi, lui permet d’organiser ses émotions, de les apaiser et de se sentir faire partie de cette aventure encore un peu abstraite pour lui mais dont il devient acteur. Cela lui permet d’être plus sécurisé émotionnellement.
Passées les premières semaines de début de grossesse et l'incertitude, il ne faut pas attendre trop longtemps pour lui en parler avec des mots adaptés. Aidez vous de petits livres illustrés qui permettent aussi aux parents de lui parler de sa propre histoire de vie depuis sa conception. Cela peut être l'occasion de moments très tendres entre l’enfant et ses parents.
Ce n’est pas toujours évident de trouver aussi le juste équilibre entre, ne jamais en parler et trop en parler. Neuf mois de grossesse à attendre paraissent parfois longs pour les adultes, c'est d'autant plus vrai pour un jeune enfant. Chez lui, le rapport au temps qui passe reste une notion que son petit cerveau ne maîtrise pas encore.
Le sujet de cette naissance prochaine sera intégré aux conversations du quotidien sans pour autant devenir l'unique sujet. L’enfant aîné a besoin aussi de sentir qu’il est aussi l’objet des attentions et que son quotidien suscite de l'intérêt.
Un autre point important est de ne pas survendre l’arrivée du deuxième comme un moment de plénitude et de joie qu’il vivra avec forcément un réel attrait dès le départ pour le nouveau bébé. À la naissance le vécu de l’ainé peut être très différent de cette fresque idyllique imaginée par les parents. Il pourra se sentir menacé par la présence de ce petit nouveau qui fait l’objet de toutes les attentions de jour comme de nuit et de la part de tous et se sentir envahi de sentiments négatifs à l’égard de ce bébé. Il lui faudra un peu de temps pour cheminer et l'intégrer psychiquement et dans son quotidien.
Comment gérer l’arrivée du deuxième à la naissance et accompagner les éventuelles difficultés de son premier enfant.
Cela commence tout d’abord par préserver le quotidien de l’enfant aîné afin de lui garantir des repères stables dans cette période un peu tumultueuse. Ces repères vont le sécuriser et le rassurer sur le fait que tout ne change pas complètement. Si il va à la crèche il continue d’y aller, si il a une petite activité le mercredi elle est préservée …
Les phases de régression
Une autre façon d’accompagner son enfant est d’accepter ses régressions. Elles sont très fréquentes et c’est un passage tout à fait normal pour ensuite aller vers plus d’autonomie . L’enfant peut se dire qu’en “re devenant comme un bébé” il aura plus d’attentions “ comme le petit nouveau “. Ainsi les réveils nocturnes peuvent être plus fréquents avec des difficultés d’endormissement , il peut y avoir une régression dans l’acquisition de la propreté avec à nouveau des pipis au lit …
Célébrez et valorisez le nouveau statut
Dédramatiser et de se dire que cette période est transitoire en montrant à l’enfant tous les avantages à être grand : profiter d’un tour de manège , lire des histoires , inviter des copains …
La naissance d’un bébé est un moment de joie partagée où le bébé reçoit beaucoup de cadeaux de la part de l’entourage ( il n’y est pas très réceptif d’ailleurs ). Ce moment peut aussi être l’occasion de gâter un peu plus l’enfant aîné pour célébrer son nouveau statut. Il percevra à coup sûr les bénéfices qui en découlent et associera l'événement aussi à du positif pour lui.
Inclure l'aîné dans la vie du nouveau-né
Une autre piste est de faire participer l’enfant aux soins du bébé et de veiller à ne pas l’exclure en lui demandant “d’aller jouer tranquillement de son côté “. Ainsi il aura lui aussi son rôle à prendre dans ces nouvelles tâches autour du bébé .Pourquoi ne pas acheter un poupon et que chacun s’occupe de son bébé mais ensemble.
Cette période demande aux parents une grande adaptabilité et beaucoup de créativité pour être présents à deux enfants en même temps avec parfois aussi des temps individuels pour chacun et notamment le plus grand.
Ces temps d’entière disponibilité en tête à tête en dehors de la présence du bébé sont très précieux car ils vont lui permettre d’apaiser ses émotions et de remplir son réservoir affectif. Pourquoi ne pas ressortir les albums photos de sa naissance et lui montrer combien lui aussi a été porté, allaité, chouchouté, attendu. L’enfant va alors peu à peu intégrer son histoire de vie, appréhender le temps qui passe et devenir acteur de ce nouveau chapitre.
Se faire aider dans les tâches quotidiennes
L'arrivée d’un nouvel enfant demande aussi une totale réorganisation dans les tâches du quotidien. La famille devient alors une petite entreprise qui demande une organisation avec les tâches clairement réparties. Avec votre conjoint vous formez une équipe ! N’hésitez pas à prendre des temps de points d’organisation ou les tâches sont explicitement réparties et confiées à l’un pour éviter les couacs de l'aîné encore à la crèche à 19h car vous pensiez que votre conjoint y était allé.
Identifiez aussi vos ressources extérieures. Quelles aides votre mère , belle mère, voisins, amis ?
Et surtout cibler les priorités, tout ne peut pas être parfait et tant mieux ; En ayant cela en tête on devient plus doux avec soi-même et il y a moins de charge mentale.
Est ce qu’il y a un moment idéal pour avoir un deuxième enfant ?
Il est bien difficile de définir des normes idéales qui seraient valables pour tous en matière de parentalité. Chaque projet d’enfant touche à l’intime au désir de chaque couple de chaque personne. Quand le désir est là, le psychique se met en mouvement et tout devient possible.
Certains couples préféreront attendre que l'aîné soit plus autonome pour mettre en route une nouvelle grossesse , si cela correspond à leur désir , à leur référence de fratrie alors ils y mettront du sens . D’autres au contraire auront le désir d’une fratrie d’âges rapprochés . En matière de parentalité tellement de nos références et projections inconscientes se jouent !
En conclusion nous pouvons dire que cette période est très intense au niveau émotionnel pour tous les membres de la famille. Elle demande aux parents une importante énergie psychique pour contenir et accompagner les émotions de leur nouveau-né, celles de l’enfant aîné et les leurs.
Il est essentiel de se laisser du temps en acceptant une certaine période d’inconfort où tous tâtonnent , cherchent et parfois peinent à trouver une nouvelle place, une nouvelle organisation.
Peu à peu de nouveaux liens familiaux émergent et une jolie histoire de famille se tisse dans le temps dans une dynamique qui sera la votre .
Alors je vous souhaite à tous de vivre de beaux moments familiaux !
Rédigé par Marie-Ange Rollet, infirmière puéricultrice chez Yada.