Les troubles digestifs du nourrisson
Les troubles digestifs chez le nourrisson, fréquents et souvent liés à l'immaturité du système digestif, peuvent causer divers inconforts. Ce guide aide à reconnaître les symptômes, comprendre les causes et adopter des solutions adaptées pour prévenir les complications et favoriser son bien-être.

Les troubles digestifs du nourrisson : comprendre et agir
Les troubles digestifs chez le nourrisson sont une source fréquente d’inquiétude pour les parents.
Les troubles digestifs peuvent générer des inconforts digestifs variés dus à l’immaturité du système digestif et nécessitent une prise en charge adaptée pour éviter des complications éventuelles.
Explorons les causes, les symptômes et les mesures que chacun peut prendre pour accompagner les nourrissons dans leur parcours alimentaire.
Comprendre les troubles digestifs chez le nourrisson
Le système digestif du nourrisson, en développement, est souvent à l'origine de troubles digestifs variés. Ces troubles affectent le fonctionnement normal de l'appareil digestif.
Les troubles digestifs peuvent créer de l'inconfort et affecter l'état général du nourrisson.
Bien qu'ils soient souvent transitoires, certains cas nécessitent une attention particulière pour éviter des complications telles qu'un affaiblissement général.
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Les principaux troubles digestifs chez le nourrisson
Régurgitations simples et reflux gastro-œsophagien (RGO):
Les régurgitations touchent environ 50% des nourrissons de moins de 3 mois (reflux physiologique).
Les régurgitations qui surviennent chez les nourrissons sont généralement bénignes et ne sont associées à aucun autre symptôme fonctionnel. L'appétit reste intact et la courbe de croissance est normale. Ces régurgitations se produisent typiquement juste après la tétée ou dans les deux heures suivant le biberon, mais rarement pendant le sommeil.
Elles sont qualifiées de RGO fonctionnel ou physiologique.
Ces régurgitations post-prandiales sont souvent liées à des erreurs dans la manière dont le biberon est donné : le lait est avalé trop rapidement ou trop lentement, la tétine est mal adaptée, l'éructation n'est pas effectuée correctement, ou les quantités de lait sont excessives. Elles sont souvent accompagnées de l'évacuation de l'air avalé (le « rot humide ») ou du « trop plein gastrique ».
Ces régurgitations ne nécessitent ni examens complémentaires ni traitements médicamenteux et disparaissent généralement entre 6 et 15 mois, sans conséquence pour l'enfant.
Le RGO est fréquent chez les nourrissons en raison de l'immaturité du sphincter œsophagien inférieur. Il est généralement bénin et tend à disparaître avec la maturation du système digestif.
La prévalence des régurgitations diminue avec l'âge, le système anti-reflux se maturant progressivement, et 10 à 15 % des nourrissons régurgitent encore à 12 mois.
Le reflux gastro-œsophagien s'agit de la remontée anormale du contenu de l'estomac vers l'œsophage, entraînant des symptômes inconfortables chez le nourrisson et des régurgitations fréquentes après le biberon ou la tétée.
Pour en savoir plus sur le reflux gastro-œsophagien : Consultez l'article de la haute autorité de santé
Quand s'inquiéter ? Différences entre régurgitations simples et reflux gastro-œsophagien:
La Haute Autorité de Santé définit de le RGO pathologique comme étant "un reflux extériorisé ou non du contenu gastrique provoquant des symptômes gênants et ayant un effet négatif sur le bien-être et les activités quotidiennes de l’enfant ou pouvant entraîner des complications graves." (Fiche Février 2024)
Les principaux signes évocateurs sont "des régurgitations persistantes ou excessives associées à un refus de s’alimenter, des pleurs persistants inhabituels, une irritabilité lors de l’alimentation, un retard de croissance ou des troubles du sommeil.
Vomissements
Les vomissements sont l'éjection forcée du contenu gastrique, due à des contractions musculaires. Ils peuvent être causés par diverses pathologies, notamment des infections (gastro-entérite, otite, etc.), des troubles neurologiques (migraines, tumeurs), des erreurs diététiques, des intoxications ou des anomalies du tube digestif (sténose pylorique, obstruction duodénale, invagination intestinale). La prise en charge dépend de la cause, avec un traitement de la cause sous-jacente et une prévention de la déshydratation, particulièrement chez les jeunes enfants.
Coliques
Les coliques sont caractérisées par des pleurs intenses et inconsolables, souvent en fin de journée, les coliques touchent de nombreux nourrissons. Leur cause exacte est inconnue, mais elles pourraient être liées à l'immaturité du système digestif ou à des gaz intestinaux.
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Constipation
Elle se manifeste par des selles dures et peu fréquentes, pouvant causer de l'inconfort. La constipation peut être due à une alimentation inadaptée ou à une hydratation insuffisante.
La constipation est un terme complexe à définir en raison des nombreux critères à considérer en fonction du contexte clinique. En résumé, elle se caractérise par une diminution de la fréquence des selles, peu importe leur volume ou consistance.
Voici les seuils généralement utilisés pour définir la constipation selon l'âge :
- Chez le nourrisson allaité, la constipation est présente si celui-ci émet moins de 2 selles par jour.Dans le cas particulier de la fausse constipation chez les nourrissons allaités, certains bébés peuvent présenter soudainement des selles rares, voire très rares, après des selles normales. Cette situation est généralement bénigne et s’explique par le fait que le lait maternel est "sans résidu". Le nourrisson continue alors de prendre du poids normalement, sans souffrir de ballonnements ou de douleurs abdominales.
- Pour un nourrisson nourri au lait artificiel ou ayant une alimentation diversifiée, la constipation est définie par moins de 3 selles par semaine.
- Chez un enfant plus grand, on parle de constipation lorsque celui-ci émet moins de 2 selles par semaine.
On évoque également la constipation lorsqu'il existe une anomalie des selles ou de leur élimination, comme des selles trop volumineuses, dures, rares, ou lorsque l’élimination des selles est douloureuse ou incomplète.
La couleur des selles peut aussi inquiéter les parents : des selles de couleur jaune d’or sont normales chez le nouveau-né ou le nourrisson allaité au sein, tandis que des selles jaune paille, marron ou vertes sont typiques des nourrissons nourris au lait artificiel.
Toute présence de sang dans les selles doit toutefois conduire à consulter un professionnel de santé.
Diarrhées aiguës:
Les diarrhées aiguës se traduisent par une augmentation de la fréquence des selles, souvent liquides ou très molles, pouvant s'accompagner de douleurs abdominales, de fièvre ou de déshydratation. Elles sont généralement causées par des infections virales, des infections bactériennes ou, plus rarement, une intolérance alimentaire.
Chez le nourrisson, la diarrhée peut entraîner rapidement une déshydratation sévère, nécessitant une attention médicale immédiate pour éviter des complications graves.
Allergies ou intolérances alimentaires:
Certaines protéines, notamment celles du lait de vache, peuvent provoquer des réactions allergiques ou des intolérances, entraînant des troubles digestifs tels que des vomissements, des diarrhées ou des douleurs abdominales.
Signaux d’inconfort chez le nourrisson
- Pleurs inhabituels ou prolongés.
- Agitation après les repas, signe possible de RGO ou coliques.
- Position recroquevillée, tentant de soulager des douleurs abdominales.
- Autres signes : grimaces, mouvements de jambes répétés, pauses dans l’alimentation.

Causes fréquentes des troubles digestifs
- Immaturité digestive : Coliques et régurgitations fréquentes chez les jeunes nourrissons.
- Alimentation : Suralimentation, introduction précoce de solides ou préparations lactées inadaptées.
- Allergies alimentaires : Allergies aux protéines de lait de vache fréquentes chez les nourrissons.
- Facteurs externes : Tabagisme passif, stress familial, exposition à des allergènes.
- Autres causes rares : Maladies biliaires ou inflammatoires comme la maladie de Crohn.
Prévention des troubles digestifs
Pour prévenir les troubles digestifs, il est essentiel d'adopter des mesures équilibrées et une hygiène alimentaire adaptée.
Voici quelques exemples de comportements à adopter :
- Fractionner les repas pour éviter de surcharger l'estomac.
- Le bébé doit être nourri lentement, en faisant des pauses, dans un environnement calme.
- Il est important de faire faire systématiquement un rot au bébé et de le garder dans une position semi inclinée après le biberon ou la tétée, il est conseillé d’attendre 30 minutes avant de recoucher le bébé.
- Introduire progressivement les aliments solides.
- Éviter les boissons alcoolisées et le tabac dans l'environnement familial.
- Surveiller les réactions alimentaires à chaque nouvel aliment introduit.
- S'assurer d'un apport suffisant en eau pour prévenir la constipation.
- Instaurer des repas à horaires réguliers.
- Offrir un environnement calme pendant les repas.
- Limiter les aliments difficiles à digérer.
- Encourager des pauses pour les rots, surtout lors de l'utilisation du biberon.
- Proposer des purées riches en fibres pour prévenir la constipation.

Quand consulter un professionnel de santé ?
Il est important de consulter un pédiatre si (liste non exhaustive) :
- Les symptômes persistent ou s'aggravent
- L'enfant présente des signes de déshydratation (bouche sèche, fontanelle enfoncée, absence de larmes)
- Il y a une perte de poids ou une absence de prise de poids
- Refus de s'alimenter
- Les vomissements sont fréquents
- Présence de sang dans les selles
Prise en charge des troubles digestifs
La prise en charge des troubles digestifs repose sur plusieurs étapes :
- Evaluation clinique, examen d'investigation si nécessaire et diagnostic par le pédiatre
- Traitement spécifique et médical si nécessaire selon l'avis du pédiatre, par exemple :Infections gastro-intestinales : Traitement symptomatique, maintien d'une bonne hydratation et, si nécessaire, administration d'antibiotiques ou antiviraux.
- Troubles fonctionnels (coliques, constipation, reflux) : approches diététiques, modifications du mode de vie et traitements médicamenteux comme des antispasmodiques ou des laxatifs doux.
- Allergies alimentaires : Éviction des allergènes et suivi par un pédiatre ou un allergologue.
- Adaptation alimentaire en fonction du trouble digestif du nourrisson :
- Ajuster la qualité, quantité et la fréquence des repas.
- Offrir un environnement calme pour les repas.
- Encourager des pauses pour les rots.
- Introduire des purées riches en fibres adaptées à l’âge.
- Pendant le temps de la diarrhée il peut être judicieux d’éviter dans l’alimentation de l’enfant les aliments riches en fibres, les fruits acides et les légumes verts ainsi que les graisses cuites qui sont riches en acides (irritant pour l’intestin).
- Suivi médical : Surveiller étroitement les évolutions et éviter les complications éventuelles.
Un suivi clinique est essentiel pour surveiller l'évolution clinique de l'enfant.

Les complications éventuelles des troubles digestifs
Si les troubles digestifs ne sont pas pris en charge, ils peuvent entraîner des complications telles que :
- Un affaiblissement général du nourrisson.
- Une perte de poids, cassure de la courbe de croissance ou un retard de croissance.
- Une inflammation chronique du tube digestif.
- Des carences en nutriments essentiels.
Conclusion
Les troubles digestifs du nourrisson, bien que fréquents, sont souvent bénins et liés à l’immaturité de son système digestif et peuvent être gérés efficacement grâce à une compréhension approfondie des causes et des symptômes.
Ils peuvent se manifester par des symptômes variés tels que les coliques, le reflux gastro-œsophagien (RGO), la constipation ou encore des troubles du transit. Ces situations, bien qu’inquiétantes pour les parents, peuvent généralement être prises en charge de manière efficace grâce à une approche adaptée et globale, où la prise en charge adaptée des professionnels de santé joue un rôle central.
Une alimentation adaptée est essentielle pour prévenir et soulager ces troubles. Le lait maternel, lorsqu’il est possible, reste l’aliment de référence pour répondre aux besoins digestifs et nutritionnels du nourrisson, grâce à sa composition optimale et ses propriétés protectrices pour le système digestif. Dans les cas où le lait infantile est utilisé, le choix d’un lait spécifique, comme un lait épaissi pour les RGO ou un lait hypoallergénique en cas de suspicion d’allergie, doit être réalisé avec soin pour éviter les changements intempestifs.
De plus, les ajustements alimentaires peuvent inclure l’épaississement des biberons, la modification des quantités ou des fréquences de repas, ainsi que la diversification alimentaire progressive à partir de 4 mois en fonction des nourrissons. Ces adaptations doivent être réalisées en concertation avec un professionnel de santé, tel qu’un pédiatre et un diététicien, afin d’assurer une transition alimentaire en douceur et respectueuse des besoins spécifiques de l’enfant.
Le rôle des parents est primordial dans cette prise en charge. Ils peuvent être guidés pour observer les signaux digestifs de leur nourrisson et savoir quand consulter. Les professionnels de santé, comme les médecins, sages-femmes, diététiciens et pharmaciens, sont des partenaires indispensables pour les informer, les rassurer et leur fournir des conseils adaptés.

Rédigé par Manon Laville, diététicienne chez Yada