Les coliques du nourrisson
Cet article explore les coliques du nourrisson, une source fréquente d'anxiété pour les parents. Il aborde l'origine incertaine des coliques, souvent attribuée à l'immaturité biologique et psychologique du bébé, et la possible implication d'une allergie aux protéines de lait de vache.
Les coliques du nourrisson sont des problématiques très fréquentes chez ce dernier. Elles sont également source d'angoisses pour les parents qui se sentent souvent démunis face aux crises de coliques. Ainsi, cet article aura pour objectif d'apporter des réponses et de donner les clés nécessaires aux parents qui en éprouvent le besoin.
Les coliques du nourrisson, tout le monde en a déjà entendu parlé, mais à quoi correspondent-elles ?
Il est difficile de définir précisément les coliques du nourrisson car leurs causes restent encore inconnues. A l'heure actuelle, les coliques se définissent comme des spasmes bénins situés au niveau des intestins.
Quelles sont les causes des coliques du nourrisson ?
L'hypothèse d'une immaturité biologique et psychologique
Bien que les causes exactes des coliques ne soient pas encore connues, l'immaturité biologique et psychologique du bébé est souvent mise en avant notamment "l'immaturité du système digestif, l'excès de stimulations sensorielles avec un besoin d'évacuer les tensions de la journée, l'angoisse du soir ou encore l'anxiété des parents."
L'hypothèse d'une allergie aux protéines de lait de vache
Plusieurs études ont montré que l'allergie aux protéines de lait de vache (APLV) pouvait jouer un rôle causal dans la colique du nourrisson. Cette catégorie d'allergie serait responsable d'une irritation du système intestinal et d'une modification de la flore intestinale du bébé. Néanmoins, il a également été mis en évidence que les symptômes provoqués par ce type d'allergie étaient à distinguer de ceux retrouvés dans la colique du nourrisson car les indicateurs biologiques d'une sensibilité aux protéines alimentaires et de lésions intestinales ne sont pas élevés chez les bébés souffrant de coliques.
Cependant, il est pertinent de consulter médicalement si votre bébé présente ce type de symptômes : rougeurs et démangeaisons de la peau, vomissements, constipation, diarrhée, maux de ventre. Ces signes correspondent aux symptômes retrouvés dans l'APLV (liste non exhaustive). Pour éliminer cette piste, il est intéressant de consulter un allergologue. Si le test est en faveur d'une APLV, il est impératif de mettre en place une éviction totale de ces protéines, c'est-à-dire qu'il ne faudra plus donner à votre bébé ni lait de vache, de chèvre ou de brebis, ni viande de bœuf ou de veau (allergies croisées).
Dans cette situation, il faudra également évincer tous les produits dérivés qui contiennent des protéines de lait de vache: glaces, yaourts, biscuits, gâteaux, fromages. Dans le cas d'une maman allaitante, la mère devra elle aussi éviter ces types d'aliments, et notamment la Whey pour les mamans les plus sportives !
Il est conseillé, pendant cette période d'éviction, de vous faire accompagner par un diététicien si vous allaitez. Le rôle du diététicien aura également pour objectif de couvrir vos besoins nutritionnels malgré cette éviction large pour vivre sereinement cette période, souvent transitoire. Pour plus d'informations sur les différents allergènes, consultez l'article "Introduction des allergènes pour son bébé (yada.care)", bonne lecture!
Il existe également des substituts au lait maternel (hydrolysats de protéines) où les protéines de lait de vache ont été fractionnées, ce qui favorise une meilleure absorption des nutriments tout en conservant des propriétés non allergéniques.
L'hypothèse d'un lien entre colique et migraine chez les nourrissons
Une corrélation entre les migraines et les coliques a été mise en évidence dans plusieurs études. La cause des migraines étant en partie génétique, il est probable que les bébés ayant des parents migraineux puissent exprimer des migraines lors du début de leur développement cérébral; puis ces migraines peuvent à nouveau se manifester dans l'enfance ou à l'adolescence.
Les capacités de perceptions visuelles des nourrissons augmentent à grande vitesse lors des premières semaines de vie. Cela pourrait aider à comprendre pourquoi les crises de pleurs provoquées par les coliques ne débutent généralement pas avant environ deux semaines de vie, même si le bébé est en interaction avec son environnement et qu'il se nourrit dès la naissance.
Le cycle circadien pourrait jouer également un rôle dans les coliques comme dans la migraine. A l'âge de trois mois, la sécrétion de mélatonine prend un rythme diurne, facilitant la consolidation du sommeil nocturne, ce qui pourrait expliquer la disparition des crises de pleurs liés aux coliques vers l'âge de trois mois.
Comment les reconnaître les coliques du bébé ?
Les pleurs
Les crises de coliques sont une version amplifiée des pleurs habituels du nourrisson, où celui-ci est inconsolable. Ces épisodes de pleurs culminent vers 6 semaines et se terminent entre 3 et 6 mois de vie du bébé.
Les coliques du nourrisson suivent généralement un schéma cyclique où les pleurs s'intensifient en fin d'après-midi, et suivent des critères bien définis selon Wessel : "pleurer au moins 3 heures par jour, au moins 3 jours par semaine, pendant au moins 3 semaines." Pour en savoir davantage, consultez l'article Infant Colic - PMC (nih.gov).
L'agitation spontanée
C'est la soudaineté des pleurs qui permet de reconnaître les coliques. De plus, le bébé aura tendance à se tortiller comme s'il était gêné, à devenir rouge, à serrer les points et paraît souffrir sans raison évidente. A la palpation, on peut parfois sentir que son ventre est dur et ballonné, et que l'émission de gaz ou de selles peut le soulager. Puis les crises cessent ensuite spontanément.
Les signes d'alarme
Selon le Manuel MSD, les signes suivants sont à distinguer des coliques bénignes et peuvent amener à consulter médicalement :
- Vomissements
- Constipation ou diarrhée, notamment s'il y a une présence de sang ou de mucus dans les selles
- Fièvre
- Détresse respiratoire
- Léthargie (état de fatigue intense)
- Faible prise de poids
Pour plus d'information, consultez Colique - Pédiatrie - Édition professionnelle du Manuel MSD (msdmanuals.com)
Conseils et traitement pour soulager les coliques
Tout d'abord, il est important de rassurer les parents concernant l'état de santé de leur enfant, car bien que les crises de pleurs liées aux coliques soient impressionnantes, les coliques du nourrisson restent bénignes et disparaîtront d'elles-mêmes.
Instaurer un moment de calme
Etant donné qu'il pourrait exister un lien entre coliques du nourrisson et migraine, il va être important d'instaurer un moment de calme lors des crises de pleurs de votre enfant. Pensez à baisser la luminosité de la pièce et à porter ou caresser votre bébé dans une pièce sans bruit. Certains bébé trouveront leur apaisement en écoutant de la musique ou des bruits blancs (aspirateur, moteur de voiture, sèche-cheveux). Les balades sont également un bon moyen de calmer les coliques de votre enfant.
Il va être également intéressant de mettre en place un rituel de sommeil pour favoriser l'endormissement de votre bébé. Selon de récentes études, la régulation de la mélatonine, l'hormone du sommeil, aurait un impact sur les coliques du nourrisson. Pour en savoir plus sur le rituel d'endormissement et les routines que vous pouvez mettre en place, n'hésitez pas à consulter Le rituel d'endormissement (yada.care), article rédigé par Marie-Ange, l'infirmière puéricultrice de Yada Paris.
Les massages du ventre
Dans le cadre des coliques, il va être intéressant de masser le ventre de votre bébé pour l'aider à évacuer ses gaz.
Plusieurs exercices peuvent être conseillés :
- Avec tous les doigts de la main, faire des cercles sur le ventre de votre bébé en suivant le sens des aiguilles d'une montre, puis appliquez de légères pressions circulaires avec 2 doigts en suivant le même sens (l'appui peut être plus ferme lors de cette étape). Ces massages peuvent être réalisés avec de l'huile.
- Appliquez des mouvements circulaires avec les jambes de votre bébé, en ramenant bien ses cuisses vers son ventre
- Appliquez des mouvements de pédalo avec les jambes de votre bébé
Ces exercices sont à réaliser avant la prise du biberon ou de la tétée, ce qui permettra d'évacuer les gaz avant la prise possible d'air pendant la prise de lait. Veillez à les pratiquer dans un endroit calme si cela est possible.
Le traitement médical pour les coliques
La prise de probiotiques dans le cadre de coliques a montré différents bénéfices. Ils seraient à l'origine d'une réduction des inconforts digestifs et des pleurs. D'autre part, les probiotiques sont des levures ou bactéries qui viennent rééquilibrer la flore intestinale, favorisant la bonne digestion du bébé. Le fait que la digestion soit améliorée, cela va entrainer une diminution de ses gaz.
Et l'ostéopathie dans tout ça ?
Tout d'abord, l'ostéopathe va débuter la séance par une phase « d'anamnèse » durant laquelle il vous questionnera sur le déroulement de la grossesse et de l'accouchement. Puis, dans un contexte de coliques, il s'intéressera plus spécifiquement aux inconforts digestifs de votre bébé. Il s'informera donc sur l'état actuel de votre nourrisson ainsi que sur son environnement et sur ses habitudes alimentaires, ce qui orientera sa prise en charge ostéopathique.
L'étape de l'anamnèse a également pour but d'éliminer les potentielles contre-indications aux manipulations ostéopathiques. Si tel est le cas, il est pertinent de demander avis à votre pédiatre.
L'ostéopathe va ensuite tester de manière globale votre enfant pour vérifier qu’il n'existe pas de tensions à distance du ventre qui pourrait favoriser ou entretenir l'inconfort de votre bébé. Dans le cas de coliques, il est primordial pour l'ostéopathe, de tester son système digestif (estomac, foie, intestin grêle et côlon). Il est également intéressant de tester le bassin, le diaphragme (principal muscle inspirateur situé juste au-dessus de l'estomac), le thorax, ainsi que la base de son crâne à l’endroit où émerge le “nerf vague”, qui a pour fonction d'innerver la majorité de notre système digestif!
A la fin de ses tests, l'ostéopathe sait quelles sont les tensions à libérer pour soulager au mieux les douleurs de votre bébé.
Afin de soulager les coliques et les pleurs de votre bébé sur le long terme, la consultation se clôture généralement par des conseils donnés aux parents.
Conclusion
Il est essentiel que nous déterminions quelles sont les causes des coliques du nourrisson afin d'améliorer leurs prises en charge et de pouvoir répondre au mieux aux questionnements des parents.
Par ailleurs, les pleurs excessifs liés aux coliques peuvent entraîner la frustration des parents et engendrer le syndrome du bébé secoué, une forme de maltraitance envers les bébés à l'origine d'une morbidité et d'une mortalité importante. Ainsi, il est nécessaire d'éduquer les parents sur ce syndrome et de leur apporter des solutions et une écoute en lien avec la problématique des coliques du nourrisson.
Rédigé par Pauline Fedy, ostéopathe chez Yada.